Le bois traité sans pression
La plupart du bois traité a été imprégné sous pression de produits de préservation dans des installations conçues à cette fin. Toutefois, il est parfois impossible de le traiter ainsi ou la nécessité d’employer du bois traité n’a été constatée qu’après la construction ou l’occupation d’un bâtiment. Dans de telles situations, les produits de préservation peuvent être appliqués à l’aide de méthodes ne recourant pas aux autoclaves.
Certains de ces traitements ne peuvent être effectués que par des préposés à l’application détenant un permis. Chaque fois que des produits de préservation du bois sont utilisés, comme c’est le cas avec tous les pesticides, il faut respecter les exigences en matière d’étiquetage de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (au Canada) et de l’Environmental Protection Agency (aux États-Unis).
Cinq catégories de traitements sans pression
Traitement en cours de fabrication des produits de bois d’ingénierie
Certains types de panneaux de bois d’ingénierie, comme ceux en contreplaqué et en bois en placage stratifié (LVL), peuvent être traités au moyen de solutions de préservation après le procédé de fabrication, contrairement aux produits faits de minces lamelles de bois (comme les panneaux OSB et le bois de copeaux orientés) et aux panneaux de particules ou de fibres à densité moyenne (MDF). Dans ce dernier cas, il faut ajouter les produits de préservation aux éléments en bois avant le collage, sous forme de jet pulvérisé, de brouillard ou de poudre.
Les panneaux OSB sont fabriqués à partir de minces lamelles de bois de petites dimensions. Les produits de préservation en poudre peuvent être combinés aux copeaux et à la résine à l’étape du mélange, juste avant la formation et le pressage des matelas. Le borate de zinc est employé couramment à cette fin. L’ajout de produits de préservation au cours du procédé de fabrication permet d’obtenir un traitement uniforme dans toute l’épaisseur du produit.
En Amérique du Nord, le contreplaqué subit habituellement un traitement sous pression, pour résister à la pourriture et aux termites. Toutefois, ailleurs dans le monde, on mélange souvent des insecticides aux adhésifs pour prémunir le contreplaqué des attaques de termites.
Prétraitement de surface
Il s’agit d’un traitement de préservation préventif appliqué par badigeonnage, vaporisation ou trempage sur toutes les surfaces accessibles de certains produits du bois pendant la construction. Il forme une couche protectrice à la surface des produits, éléments ou systèmes en bois vulnérables à l’état fini. La vaporisation de borates au niveau de la charpente d’une habitation pour assurer une résistance aux termites de bois sec et parfois aux scolytes en est un exemple. Ce genre de traitement peut aussi être appliqué au bois d’œuvre, au contreplaqué et aux panneaux OSB pour offrir une protection additionnelle contre les moisissures.
Prétraitement de subsurface (traitement par dépôt)
Ce traitement de préservation est appliqué à certains endroits seulement, pas sur toute la pièce, au cours du procédé de fabrication ou de la construction. Il procure une protection proactive uniquement aux parties du produit, de l’élément ou du système en bois susceptible d’être exposées à des conditions propices à la pourriture. L’insertion de tiges de borate dans des trous percés aux extrémités exposées de poutres en lamellé-collé faisant saillie au-delà de la ligne de toiture en constitue un exemple.
Traitement supplémentaire
Ce traitement de préservation est appliqué à certains endroits du bois traité en service pour pallier une pénétration initiale insuffisante jusqu’à la section transversale ou parce que le produit de préservation finit par perdre en efficacité. Il a pour but de renforcer la protection du bois déjà traité ou de protéger les endroits exposés à la suite de coupes qui ont dû être pratiquées au chantier sur des produits en bois traité. L’application d’un bandage préfabriqué sur les poteaux traités des services publics dont la teneur en produits de préservation a diminué en est un exemple. Les matériaux coupés au chantier employés dans les fondations en bois protégées par des produits de préservation font aussi l’objet d’un tel traitement.
Traitement curatif
Ce traitement de préservation est appliqué au bois intact conservé des produits, éléments ou systèmes qui commencent à montrer des signes de pourriture ou de dommages causés par les insectes. Il vise à tuer les champignons ou insectes présents ou à prévenir la prolifération fongique ou des insectes au-delà des dommages existants. L’application au rouleau ou au vaporisateur d’un mélange de borate et de glycol sur le bois intact laissé en place à côté des éléments de charpente pourris (qu’il faut couper et remplacer par du bois traité) représente un exemple.
Formes des traitements sans pression
Les produits de traitement sans pression sont offerts à l’état solide, sous forme liquide et en pâte et sous forme de fumigant. Contrairement aux produits de traitement sous pression, qui pénètrent dans le bois sous l’action de la pression, leur efficacité repose sur la migration des matières actives à une profondeur suffisante dans le bois. Les matières actives peuvent migrer dans le bois par capillarité ou se répandre par diffusion dans l’eau ou l’air présents dans le bois. Cette mobilité permet d’une part aux matières actives de se déplacer dans le bois, mais aussi de s’en échapper dans certaines conditions. Il faut donc bien comprendre les conditions à l’intérieur et autour de la structure afin de limiter la perte du produit de préservation et la protection moindre qui en découle. Les borates, les fluorures et les composés de cuivre se prêtent bien aux traitements solides, liquides et en pâte. L’isothiocyanate de méthyle (et ses précurseurs), le bromure de méthyle et le fluorure de sulfuryle sont les seuls produits largement utilisés comme traitements fumigants. En 2005, le bromure de méthyle a été progressivement éliminé, sauf pour des utilisations très limitées.
Produits à l’état solide
Le principal avantage des produits employés à l’état solide est qu’ils maximisent la quantité de matière hydrosoluble qui peut être placée dans un trou percé, en raison du pourcentage élevé de matières actives contenues dans les tiges disponibles sur le marché. Leur principal désavantage est la nécessité d’avoir un taux d’humidité suffisant et le temps de dissolution de la tige. Un des premiers produits de préservation, qui est aussi le plus connu, est la tige de borates fondus, mise au point dans les années 1970 pour le traitement curatif et supplémentaire des traverses de chemin de fer. Depuis, ces tiges ont été employées avec succès avec les poteaux des services publics, les grosses pièces de bois, la menuiserie préfabriquée (menuiserie de fenêtres) et dans une variété d’autres produits de bois. On fait fondre un mélange de borates dans du verre à des températures extrêmement élevées, et on le verse ensuite dans un moule avant de le laisser durcir. Placé dans les trous du bois, le borate se dissout dans n’importe quelle eau contenue dans le bois et se diffuse partout dans la zone humide. Le débit massique de l’humidité le long du fil peut accélérer la distribution du borate. Il est possible d’ajouter des biocides secondaires, comme le cuivre, aux tiges de borate afin de les rendre plus efficaces contre la pourriture et les insectes. Même si des précautions s’imposent pour tous les produits de préservation, de nombreux utilisateurs sont plus à l’aise de manipuler les tiges de borate et de cuivre et borate, parce qu’elles ne sont que faiblement toxiques et risquent peu d’être absorbées par l’organisme.
Les fluorures sont également couramment disponibles sous forme de tiges. Les tiges sont produites en comprimant le fluorure de sodium et des liants ensemble, ou par encapsulation en tubes perméables à l’eau. La diffusion des fluorures dans l’eau est plus rapide que celle des borates et ils peuvent aussi migrer à l’état gazeux sous forme d’acide fluorhydrique.
Le borate de zinc en poudre est employé pour protéger les produits faits de lamelles de bois. On le mélange aux résines et aux copeaux pendant le procédé de fabrication des panneaux OSB et autres produits lamellés, afin qu’il y soit répandu de manière uniforme. Le borate de zinc est très peu soluble dans l’eau et peut protéger les produits faits de lamelles de bois de la pourriture et des termites.
Les produits sous forme liquide, en pâte et en gel
Les produits liquides peuvent être vaporisés ou badigeonnés à la surface, ou encore versés ou pompés dans les trous percés. Les produits en pâte sont le plus souvent appliqués par badigeonnage ou à la truelle, puis recouverts de papier kraft doublé de polyéthylène de manière à créer un « bandage ». Les pâtes peuvent aussi être pressées dans les trous percés ou utilisées pour enduire des bandages prêts à l’emploi qu’on peut enrouler autour des poteaux. Les borates et les fluorures sont communément employés dans ces mélanges, puisqu’ils se répandent très rapidement par diffusion dans le bois humide. Le cuivre migre plus lentement, à cause de sa réaction avec le bois. Pour le traitement de bois plus sec, on peut ajouter des glycols aux préparations de borate pour améliorer la pénétration. Les produits de préservation à badigeonner en vente libre sont à base de naphténate de cuivre (verdâtre) ou de naphténate de zinc (transparent). Ils sont tous deux dissous dans des solvants à base d’essence minérale. Il est également possible d’acheter en vente libre des produits liquides hydrosolubles à base de borate et de glycol applicables au rouleau.
Les fumigants
Ces produits de traitements sont en général offerts sous forme liquide ou solide; ils se transforment en gaz une fois exposés à l’air, et se déplacent dans le bois à l’état gazeux. Quelques fumigants solides et liquides sont vendus sous forme de capsules perméables ou dans des tubes en aluminium. L’isothiocyanate de méthyle (ITCM) et les produits chimiques qui produisent ce composé à mesure qu’ils se décomposent sont employés pour traiter les poteaux des services publics et les grosses pièces de bois. Ce composé se fixe par adsorption au bois et procure une protection résiduelle pendant plusieurs années. Le fluorure de sulfuryle et le bromure de méthyle sont employés pour la fumigation d’habitations sous bâche visant à éliminer les termites de bois sec.
Réparation de coupes dans la couche traitée
La structure interne de bois traité sous pression en contact avec le sol peut être très pourrie après seulement six ou sept ans si l’on omet de badigeonner sur le chantier les faces de coupe, les trous de boulonnage et les entailles au moyen d’un produit de préservation. Les produits en vente libre employés le plus souvent à cette fin sont à base de naphténate de cuivre (verdâtre) ou de naphténate de zinc (transparent). Ils sont tous deux dissous dans des solvants à base d’essence minérale. D’autres produits à badigeonner, comme les solutions hydrosolubles à base de borate et de glycol, sont offerts dans les centres de matériaux de construction.
Le fait d’omettre cette étape importante fera en sorte que le bois durera moins longtemps et rendra nulles toutes les garanties qui s’y appliquent. Même si le badigeonnage de produits de préservation n’offre vraiment pas les mêmes résultats que le traitement sous pression, les produits de préservations conçus pour le chantier sont généralement appliqués sur la veine d’extrémité, où la solution pénétrera plus profondément que dans l’autre sens.
Lors des essais in situ réalisés par FPInnovations et portant sur ces produits de préservation, c’est le produit à base de naphténate de cuivre qui a offert les meilleurs résultats. Le naphthénate de zinc (2 % de zinc), qui est incolore, n’a pas été aussi efficace, mais il peut convenir aux utilisations hors sol, où le risque de pourriture est moindre et si la teinte vert foncé du napthénate de cuivre n’est pas souhaitée. Il est à noter que la teinte verdâtre du produit à base de cuivre s’estompera après quelques années.